La révolution numérique a profondément transformé notre manière de travailler. Les entreprises ont embrassé la dématérialisation avec enthousiasme, remplaçant les dossiers en papier par des fichiers électroniques, automatisant les processus administratifs et favorisant la communication à distance.
Si ces avancées technologiques ont apporté des avantages indéniables en termes d’efficacité et de productivité, elles ont également engendré un phénomène inquiétant : la déshumanisation du milieu professionnel.
La dématérialisation a contribué à l’effritement du lien social au sein des entreprises. Jadis, les employés échangeaient des sourires, se saluaient dans les couloirs, et organisaient des rencontres informelles autour d’un café pour discuter de leurs préoccupations ou de leurs idées. Aujourd’hui, ces interactions humaines sont de plus en plus rares. Les échanges se limitent souvent à des messages électroniques froids et impersonnels. Les visages sont masqués derrière des écrans, et les discussions se réduisent à des réunions virtuelles impersonnelles. Cette perte de contact humain peut entraîner une dégradation des relations professionnelles et, in fine, une démotivation des employés.
La dématérialisation a également renforcé la tendance à la quantification excessive. Les employés sont évalués en fonction de données chiffrées, de KPI (Key Performance Indicators) et de tableaux de bord. Les qualités humaines, telles que l’empathie, la créativité et la capacité à travailler en équipe, sont parfois négligées au profit de la performance mesurable. Cette approche réduit souvent les employés à de simples numéros, contribuant ainsi à une déshumanisation progressive de l’entreprise.
La dématérialisation a également engendré une pression constante pour être toujours connecté. Les smartphones et les ordinateurs portables permettent aux employeurs d’accéder aux employés en dehors des heures de travail officielles. Cette intrusion dans la sphère personnelle peut entraîner une détérioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, avec des conséquences néfastes sur la santé mentale des individus.
Enfin, la dématérialisation a contribué à la disparition de certains emplois au profit de l’automatisation. Les tâches répétitives sont de plus en plus confiées à des algorithmes, ce qui peut engendrer un sentiment de précarité chez les travailleurs qui craignent d’être remplacés par des machines. Cette peur de l’automatisation peut provoquer du stress et de l’anxiété, ce qui ne favorise pas un environnement de travail sain.
Il est essentiel de reconnaître que la dématérialisation n’est pas intrinsèquement mauvaise, et qu’elle comporte de nombreux avantages. Cependant, il est impératif que les entreprises prennent des mesures pour atténuer ses effets négatifs sur la dimension humaine de leur organisation. Il est crucial de préserver le lien social, de valoriser les compétences humaines, de promouvoir un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et d’accompagner les employés face aux changements technologiques.
Les atouts de la dématérialisation apparaissent indéniables. Mais ils laissent une partie des collectivités et des administrés sur le bord de la route. Le contact humain reste primordial, y compris dans l’accompagnement à l’usage de nouveaux outils.
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